jeudi 24 juillet 2014

CHÂTEAU DE CHÂTEL

LE CHÂTEAU DE CHÂTEL-SUR-MOSELLE (88) :


ELLE ÉTAIT TOMBÉE DANS L'OUBLI, C'EST POURTANT LA PLUS GRANDE FORTERESSE D'EUROPE.


55 000 m2 de superficie, 1400 mètres de circonférence, 22 tours, trois étages de galeries, c'est le château de tous les recors !


SITUATION


Le château de CHÂTEL SUR MOSELLE est situé sur la commune éponyme à 300 mètres d'altitude. Cet énorme château domine la rive droite de la Moselle, et ses remparts rejoignaient ceux de la cité de « CHASTEL-SUR-MEZELLE » qui s'est bâtie à ses côtés.


HISTOIRE


Le site de la forteresse est occupé par l'homme depuis la préhistoire.

Le château nait au XI° siècle entre 1072 et 1100, érigé par la famille de VAUDEMONT,  branche cadette des ducs de LORRAINE. Un conflit éclate en 1070 à la mort de du duc Gérard d'ALSACE. Il laisse deux fils, Thierry hérite le duché, son frère Gérard mécontent fonde la dynastie des VAUDEMONT et engage une guerre contre les ducs de LORRAINE qui durera 300 ans, lutte qui trouvera son paroxysme le 2 juillet 1431 par la bataille de BULGNEVILLE, la victoire des VAUDEMONT et l'emprisonnement du roi René.

Dès 1150, un palais seigneurial est érigé. En 1212, les VAUDEMONT sont vassaux du comtes de BAR. Hugues II de BAR étend considérablement la surface du château et ordonne la construction de fortifications autour de la cité franche de CHÂTEL qui est une enclave Barroise en LORRAINE.
Henri IV de VAUDEMONT est tué à la bataille de CRECY en 1346, la place passe à son cousin HENRI V de JOINVILLE-VAUDEMONT. Celui-ci meurt en laissant deux filles qui se partage le comté. Marguerite âgée de 12 ans obtient le château de VAUDEMONT (54), sa sœur Alix, 5 ans est marié à THIBAUT VII de NEUFCHATEL qui a 6 ans. La famille de NEUFCHATEL est bourguignonne. Elle va devenir maîtresse de CHÂTEL ainsi que du château de FONTENOY et d'ADIGNY (88) ainsi que BAINVILLE (54). Cette situation engendrera de nombreux problème aux ducs de LORRAINE.

De 1440 à 1471, le château est encore renforcé et adapté à l'artillerie naissante. En 1467 et en 1471, le duc de LORRAINE René II opposé à CHARLES LE TEMERAIRE assiège par deux fois le château. Ces deux sièges seront deux échecs. Les Bourguignons ne seront défait qu'à l'issue de la bataille de NANCY en 1477.

En 1505, par mariage la place passe aux comtes germaniques de WERDENBERG, bâtisseurs d'un nouveau palais seigneurial. Cette famille s'éteindra sans héritier, le duc de Lorraine ANTOINE acquiert enfin la forteresse.

De 1634 à 1670, lors de la guerre de trente ans, il faudra neuf sièges successifs pour faire tomber la place. LOUIS XIV ordonne sa destruction complète. Comme on ne peut y parvenir, la population de CHÂTEL est contrainte de démanteler les bâtiments et de remblayer les parties souterraines avec les gravas. Le site est alors entièrement enseveli.

En 1832, un couvent et un séminaire sont érigés sur le site. Ils seront détruits par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Au cours des années 50/60, une rue est forcée au travers du site et l'on y construit même deux bâtiments H.L.M. Ce quartier doit s'étendre, c'est alors que Monsieur et Madame DEBRY créent une association pour la sauvegarde du site en 1972. Les premières fouilles révèlent un monument d'une ampleur exceptionnelle, motivant le classement au titre des Monuments Historiques le 18 avril 1988.


                                 La porterie aujourd'hui disparue

LA VIE A CHÂTEL-SUR-MOSELLE


L'examen du site révèle des conditions de confort et de sécurité inhabituelle pour un château fort. Les toits sont recouverts de tuiles vernissées bourguignonnes et les fenêtres ne sont pas constituées de parchemin comme c'est alors l'usage, mais de vitraux de verre provenant des verreries vosgiennes. Il y a l'eau courante amenée par des tuyaux de bois.

Le château est alimenté par une source particulière qui jaillit à l'intérieur des remparts.

Les réserves en vivre et en armes sont prévues pour résister à des sièges de plusieurs mois.

Pour le confort des archers, un urinoir a été découvert dans un couloir.

La place abrite tous les corps de métiers, mentionnons sa boulangerie, sa forge, son moulin. Il y aussi une église particulière.

Le donjon sera adapté à l'artillerie. Les terrasse d'artillerie ouest ont une largeur autorisant le passage de voitures hippomobiles.

L'on a découvert deux escaliers en colimaçon su XIII° siècle alors que ce genre de construction est réputé postérieure au moyen âge.

Toutes les voies menant au château sont truffées de pièges divers. Ces galeries sont un dédale de couloirs aux escaliers irréguliers destinés à faite chuter l’agresseur, des dispositifs casse-genoux ou casse tête sont dissimulés dans les couloirs sombres dont certains se terminent en cul de sac. Une profusion d'archères, de poivrières et autres gourmandises pullulent de toute part.



SITUATION ACTUELLE


L'un des deux H.L.M. est enfin voué à la destruction, pour l'autre, les tractations continuent.

Mais il faut trouver aussi le financement pour faire disparaître ces verrues.

L’œuvre accomplie en quarante ans est titanesque :

137 528 tonnes de déblais ont été évacués. 40 tonnes de chaux et de sable sont utilisés annuellement. Placé sous l'égide de l'association « REMPART », le chantier a connu 146 chantiers employant des chômeurs, des personnes en insertion, des détenus, des handicapés etc...
132 stages de formation diverses pour les métiers associatifs de technique et de gestion,
227 classes de patrimoine regroupant des étudiants de plusieurs nationalités, des officiers de monde entier viennent étudier les extraordinaires systèmes de pièges et de défense existant à la forteresse.

Un petit musée est aménagé dans l'ancien couvent, point de départ des visites.

Malgré ses 90 printemps, monsieur DEBRY et son épouse assurent toujours les visites guidées y affichant leur passion dévorante pour ce château. Le prix d'entrée est modeste, la durée de la visite est prévue sur deux heures, mais, la passion aidant, j'ai bénéficié d'une visite de trois heures trente.

Nombre de galeries et de salles souterraines ne sont pas ouvertes aux visiteurs, les travaux perdurent...


VUES DU SITE



Infatigable, Monsieur DEBRY, 90 ans, anime les visites




Plan du château réalisé par l'Association des Amis du Vieux Châtel.




Maquette du château





L'une des salles du musée



maquette de la porte aujourd’hui disparue




Vues de l'extrémité nord du château. Le bâtiment du couvent vu en hauteur remplace la porterie du château.




Vers le pont levis




Vestiges de la structure du pont levis




Chambre de tir dans une tour




Poste de tir d'artillerie avec copie d'un bâton à feu dont un exemplaire a été retrouvé sur place.




Les logis et la tour verrue





Base du donjon





Les logis




Entrée du charroi vers les communs




les communs et l'enceinte Est





Rempart est





Terrasse d'artillerie Est construite au XV° siècle





Tour d'artillerie et fossé large de 57 mètres




Tour d'artillerie





Rempart vu des terrasse





Les deux verrues construites dans les années 1960 à l'intérieur de la forteresse.




Ah, s'il y avait encore l'artillerie, je ne donne pas cher du H.L.M....






L'une des poudrière




Trou d'évent de sécurité des poudrières





Rempart ouest avec puits.




Un assommoir permettant de jeter des pierres sur les assaillants




La boulangerie





Tuyaux de bois pour l’adduction en eau





Les escaliers en colimaçon




détail de l'un des deux escaliers




Remontons des entrailles du château





Ce puits correspond à la réserve d'eau





La réserve d'eau établie peu après le résurgence de la source






La source






L’écoulement extérieur au château




l'un des chantiers




Les remparts est




Le rempart est




Ici, l'on aperçoit une autre porte non dégagée et l'évacuation des égouts de la place.




Galerie interne




archères internes donnant sur un couloir d'accès




Dispositifs brise-tête 




poste de tir





Salle souterraine




dispositif brise-genoux




galerie en impasse




Le four permettant de chauffer les boulets métalliques pour les rendre incendiaires.




Toutes ces constructions étaient ensevelies en 1970.




Ce mur a été déterré sur toute sa hauteur




micro-cour intérieure




Chemin de ronde Ouest




tour en chantier




Autre partie déterrée




Poterne dans le rempart Ouest




Dernier regard sur Châtel

1 commentaire:

  1. explications, commentaires et photos = superbes !

    Félicitations ! EXCELLENT !!!!!

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